Verbalisation ou sensibilisation ?

Le développement du vélo urbain  déclenche régulièrement des actions coup de poing des forces de l’ordre pour verbaliser des cyclistes contrevenants. Ces actions s’inscrivent dans la démarche actuelle qui voit derrière chaque usager un délinquant. Des actions de sensibilisation semblent pourtant dans bien des cas plus efficaces. En effet, la verbalisation est une solution de facilité qui ne résout pas le fond du problème : la sécurité des usagers sur la voie publique. Elle génère une frustraction ponctuelle qui ne conduit pas l’usager à changer sa façon de se déplacer sur le long terme.

Soyons clairs, violer le code de la route est un délit et mérite donc sanction. L’idée n’est pas de déroger aux règles en vigueur. Pour autant, il faut pondérer certaines situations. Si certains cyclistes peuvent agir en connaissance de cause, d’autres le font faute de mieux.

Etre sanctionné sans discernement, telle est une pratique désormais quotidienne que doivent subir les cyclistes en ville alors qu’ils sont mis régulièrement en position de danger. Nous avons relevé notamment des situation ubuesques qui mettent le cycliste dans une position de contrevenant malgré lui alors qu’il a été contraint par d’autres usagers. Par exemple, l’un de nos amis internautes nous a rapporté qu’il avait été verbalisé alors qu’il avait du quitter une piste cyclable à contre sens de la voie de circulation automobile à cause d’un véhicule qui y était stationné. Ayant du prendre la voie de circulation automobile a contre sens sur quelques dizaines de mètres pour contourner le véhicule, il a été verbalisé d’une amende pour circulation en sens interdit sans pouvoir faire valoir une règle de bon sens. Devait-il faire demi-tour parce que la voie cyclable était inaccessible sur une portion ? Ce genre de situation est courant alors qu’il existe une forme d’impunité dès que d’autres usagers (véhicules, etc…) utilisent en toute illégalité des équipements cyclistes. La situation du quartier de la gare à Bordeaux est un bel exemple de laxisme pénalisant les cyclistes et leur sécurité au quotidien.

L’aménagement urbain et le déroulement de travaux sur la voie publique sont bien souvent à l’origine d’une situation que le cycliste ne peut que constater. Faire le choix de redevenir piéton tout simplement, car la collectivité l’a ignoré, est bel et bien le quotidien de la petite Gazelle. Faire un détour de 3km qui peu doubler un temps de trajet est-il acceptable ? Passer dans un endroit qu’interdirait le code de la route peut être alors la solution la plus indiquée. Mais à qui la faute ? Faut-il condamner l’origine du problème ou la conséquence ?

La sensibilisation des cyclistes est indispensable si on considère que nombre d’entre eux n’ont pas leur permis de conduire. La sensibilisation des cyclistes est indispensable si on considère que dans la majorité des cas ils se mettent avant tout en danger. Mais cela ne peut pas suffire. Sensibiliser les collectivités locales, sensibilités les entreprises et ouvriers intervenant sur la voie publique, sensibiliser les compagnies de transport collectif mais aussi les forces de l’ordre le sont tout autant.

Dans un monde, où le seul message qui est adressé à l’usager est la verbalisation, le grand perdant est la sécurité. Tant que les hommes politiques continueront de penser que les statistiques expliquent tout, tant que les bons messages ne seront pas donnés, l’insécurité routière ne cessera d’exister avec l’ampleur actuelle. Et ce n’est pas la passage à 80km/h sur les routes de campagne qui va changer grand chose…

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